Le temps d’une vie

De Roland Lepage

Le temps d'une vie raconte les étapes marquantes de la vie de Rosana Guillemette, de sa naissance en 1900 jusqu'à sa mort en 1965. La vie de Rosana, c'est la vie d'à peu près toutes les Québécoises de cette époque. Amoureuse d'un garçon qui est attiré par un grand besoin de liberté, Rosana épouse finalement un homme qu'elle n'aime pas, mais qui est bon garçon et qui saura prendre soin de la terre.


Critique de Pierre Robert, parue dans le Nouvelliste en novembre 1986 :

Une mise en scène sobre et efficace

Un père raisonnable, un frère irraisonnable, un amant qui a ses raisons, un mariage de raison. Une vie qu'il faut raisonner. La raison de la raison et le malheur qui suit.
Comme première production de la saison, les Nouveaux Compagnons nous présentaient une pièce de Roland Lepage “Le temps d'une vie”.
Luc Arseneault, qui en était à sa première mise en scène, n'a pas craint d'utiliser plusieurs néophytes. Ceux-ci ont bien répondu par leurs présences convaincantes. Un défi que Luc Arseneault a brillamment mené à terme. On dit de lui qu'il peut tout faire, tréâtralement parlant, et ça semble se confirmer au fur et à mesure de ses interventions.

La pièce

De 1900 à 1965 on voit évoluer Rosanna, née d'une mère morte en couche et vivant en milieu rural. Du temps de son enfance, j'en retiens l'excellente scène entre Rosanna (Julie Désilets) et son frère Georges-Albert (Eric Lamothe). Candeur, naïveté, jeux, colère autour d'une poupée malade dont Georges-Albert ne cesse de dire qu'elle souffre de choléra, prétexte de celui-ci pour aller jouer dessous les jupes de sa petite sœur. Drôle et très bien rendu.
Autre scène marquante, la timide rencontre de Rosanna à 18 ans (Annie St-Pierre) avec un amour impossible, Willy (Luc Rousseau). Désir, tendresse, gêne et proposition de mariage camouflée qui aboutira à un petit mouchoir rouge que Willy lui laisse. De là, Rosanna ne vivra qu'une attente sans réponse. Un jeu intelligent, séduisant et touchant qui a ravi le public.
Le point culminant est joué par Nicole Trudel (Rosanna 55-65 ans) qui nous fait sentir toutes les Rosanna des différentes périodes qu'elle contient émotivement. Dans le seul appartement qu'elle aura habité à la ville, elle engage un dialogue intérieur avec tous ceux qui sont intervenus dans sa vie. Une scène impeccable, bien rythmée, soutenue dont le comble nous fait voir une Rosanna qui s'affaisse sous le poids d'une mémoire qu'elle ne supporte plus.

Les autres comédiens étaient; Marie-Claude l'Heureux, Rollande Lambert, Marc Alarie, Jean-Paul Arseneault, Serge Brosseau, Michel Marquis, Jean-François Pinard et René Rocheleau. À noter aussi la consciencieuse régie de plateau assumée par Jean Marois.

Centre culturel de Trois-Rivières