De André Roussin
On ne sait jamais ce que les autres savent... on ne sait jamais rien... Ce qui est certain, c'est ce que l'on sait soi-même, mais encore là, comment peut-on être sûr que ce que l'on sait soit la vérité?...
Georges et Évelyne, mariés depuis presque 20 ans, vivent maintenant chacun leur vie tout en partageant la même maison. Évelyne accepte cette situation demandée par Georges, mais celui-ci n'admet pas qu'elle accepte si facilement. Il cherche donc à trouver des preuves qui le convaincraient de ce qu'il veut croire.
Georges voit vivre les siens (quand il est là) et s'imagine qu'ils ont tous quelque chose à cacher. Il essaie de les obliger à se trahir par des attaques, des scènes, des interrogatoires interminables dont il ne tire que de nouvelles incertitudes.
Ses parents, qu'il cite en exemple à sa famille, ont été, d'après lui, le ménage idéal sur lequel chacun devrait prendre modèle. Mais comme on ne sait jamais, même sur ce point-là il finit par déchanter.
Cependant, après une absence d'Évelyne, Sophie fait à celle-ci des confidences que Georges aurait avantage à entendre pour trouver "la paix", comme il dit. Mais il ne sait jamais rien, lui, pris dans cette maison de femmes, où "même les chats sont des chattes". Et il attrape la pauvre Puce qui trouve sa vengeance et sa satisfaction dans le recours apporté à Titus et Sophie pour les sortir du pétrin.
Finalement, Évelyne dans sa démarche sincère pour comprendre Georges et l'aider, lui dit ce qu'il veut entendre depuis longtemps, mais celui-ci, admettant que sa femme est très forte et pensant qu'elle le fait marcher, n'en croit pas un mot parce que de toute façon... on ne sait jamais... si c'est la vérité.
Texte du journal Le Nouvelliste, 8 novembre 1977
Les Nouveaux Compagnons de Notre-Dame ont fait la preuve que des gens passionnés de théâtre pouvaient trouver le courage et le dynamisme nécessaires pour remettre sur pied une grande troupe. En plus de restructurer un conseil d'administration et une équipe technique fiable, les Nouveaux Compagnons n'ont pas craint, à leur première expérience, de s'attaquer à une production considérable, comme dans les belles années.
On se souvient que les Compagnons de Notre-Dame avaient fait la joie des amateurs de théâtre à Trois-Rivières pendant 50 ans. Quelques anciens ont décidé, dernièrement, de regrouper des jeunes travailleurs qui avaient le goût de monter sur les planches ou de travailler en coulisses. On a recruté pas moins de 60 membres en quelques semaines.
La première pièce des Nouveaux Compagnons est un boulevard français, "On ne sait jamais", comédien d'André Roussin. Sans vouloir se spécialiser dans ce genre, le nouveau groupe voulait, par ce choix, marquer les liens qui l'unissent à l'ancienne troupe et lui rendre hommage en même temps. Pour ce faire, on a construit, comme ce genre de pièces l'exige, un décor élaboré, imposant et esthétique. On n'a pas hésité, par ailleurs, à monter une pièce longue et ardue, qui ne donne pas beaucoup de chances aux comédiens. Il fallait véritablement la ferveur que procure l'enthousiasme de la renaissance pour entreprendre un tel projet.
Pièce typique du boulevard français où l'on se demande pendant trois heures qui est l'amant de qui, la pseudo-comédie de Roussin ne compte malheureusement que peu d'éléments comiques. Pièce lourde de verbiage, cette œuvre nécessite de la part des comédiens des efforts inouïs pour maintenir un rythme soutenu. Ces comédiens jeunes ou moins jeunes manifestent indéniablement des dispositions évidentes et une ferveur peu commune. Ils savent communiquer leur plaisir de jouer. Mais ils sont desservis par une pièce sans attrait et une mise en scène qui n'a pas trouvé suffisamment d'action pour meubler de nombreuses tirades. Néanmoins, plusieurs bons moments, surtout en deuxième partie, viennent nous dérider.
Photo: Debouts, Percy Turcotte et Louis-Philippe Poisson. Assis, Jean Pelletier (Frédéric), Andrée Côté (Sophie), Rollande Lambert (Evelyne), Camille Therrault (Georges) et Suzanne Dufresne (Puce).