Un petit fils de Pierre Gagnon

De Claude Dupont

Prologue

Il est peu de personnes, croyons-nous, qui ne soient familières avec le roman si connu d'Antoine Gérin-Lajoie, Jean Rivard ; aussi se trouvera-t-on bientôt en pays de connaissance avec les personnages de ce drame. Il sera facile de constater, dès les premières scènes, que celui qui est présenté comme le type du vieux père de famille canadien, a hérité non seulement du nom, mais aussi du caractère, et même du vocabulaire de son père.

Pierre Gagnon est le serviteur de Jean Rivard. Il suit le courageux jeune homme au sein de la forêt, quand celui-ci laisse les bancs du collège et se fait défricheur. Fort, courageux, dévoué, le robuste travailleur soutient son jeune maître dans sa noble entreprise; il l'aide de ses bras vigoureux, et parfois aussi de ses conseils dictés par l'expérience et par un sens pratique remarquable. Aux heures sombres, Pierre Gagnon a recours à son répertoire d'anecdotes et de chansons qui amènent infailliblement le rire sur le visage soucieux de celui qu'il a surnommé "son Napoléon"...

Quand, après des années de labeur persévérant, la forêt s'est transformée en une florissante paroisse, Pierre Gagnon, devenu propriétaire dans Rivardville, est toujours le bras droit de Jean Rivard. Questions municipales ou scolaires, progrès, améliorations, industrie, voire même carrière politique de son ancien maître, l'humble serviteur n'est étranger à rien ; partout il joue un rôle où se manifestent sa rude franchise et son grand cœur. Et si, maintenant, l'un de ses petits-fils paraît mentir à si noble race, que l'on veuille bien lui pardonner son escapade et croire que le prodigue, revenu au foyer paternel, reproduira, comme son père et son frère, les vertus sociales et familiales de son respectable aïeul.

Salle Notre-Dame